Si la capacite a gouter l’existence reste en chacun de nous, pourquoi est-il parfois si difficile d’une ressentir et de l’entretenir ?

Si la capacite a gouter l’existence reste en chacun de nous, pourquoi est-il parfois si difficile d’une ressentir et de l’entretenir ?

Six experts analysent nos embuches et proposent des pistes afin d’experimenter un quotidien plus savoureux.

Se relier aux autres et au monde

Laurent Begue, professeur de psychologie sociale

« Grace a un mecanisme d’adaptation, nous nous habituons a toutes les evenements, qu’ils soient positifs ou negatifs. Notre attention n’est mobilisee que lorsque l’information nous surprend, tandis que nous avons tendance a ignorer bien et cela releve de l’anodin… et qui pourrait etre justement source d’emerveillement ! Mais ce processus, dont on pourrait dire qu’il fait barrage a le bonheur de vivre, permet cependant la vie, car on s’adapte d’une meme facon aux evenements negatifs : lorsque l’on percoit une odeur desagreable, pourquoi pas, celle-ci va sembler s’evaporer, alors que nous nous y serons seulement habitues. Il semble donc vain de vouloir lutter contre votre processus aussi bio qu’utile.

Pour savourer le quotidien, je proposerais plutot d’aller par l’autre, ce mari humain unique. Toutes les recherches et etudes en psychologie et neurosciences vont au meme sens : se sentir en lien donne du sens a l’existence. C’est une loi tres profonde, issue de notre heritage evolutionniste. S’exercer quotidiennement a exprimer sa gratitude ou a faire preuve de bienveillance peut aider a se sentir ainsi relie aux autres. Mais se relier au monde, a J’ai terre, que votre soit en jardinant ou dans la contemplation d’un paysage, favorise aussi ce puissant sentiment d’existence. »

Redefinir le histoire

David Notre Breton, professeur de sociologie

« le plaisir de vivre reste, en fonction de moi, reliee au sentiment d’etre soi et d’habiter pleinement son existence, sans vouloir etre “autre”. Cela l’empeche ? Le fait de rester bloque sur la signification que l’on donne a le histoire, l’interpretation negative que l’on opere du passe, meme tres proche. Ce ne semblent jamais nos episodes douloureux ou les echecs qui font barrage, mais le sens que nous choisissons de leur apporter. Souvent, nous nous voyons “victime” de traumatismes anterieurs, reels ou vecus tel tels, ainsi, si nous fondons notre identite dans ces evenements, nous ruminons et nous nous emprisonnons nous-meme. Je crois, au contraire, que chaque malheur, petit ou grand, est l’occasion de se lire, de se redefinir Afin de mieux habiter sa life. Et l’aimer. Nous avons l’ensemble de en nous nos ressources pour modifier la signification du monde, reconstruire, pardonner… Nous pouvons aussi compter dans 1 evenement exterieur pour apporter votre nouveau sens a une histoire : une rencontre, la lecture d’un roman, une activite physique comme la marche, l’ecriture, une musique, une therapie… Rien n’est fige, et bien des choses peuvent nous permettre de reperer ou retrouver le sentiment d’exister ainsi que vivre en harmonie. »

Ecouter l’inconnu en soi

« Au nom des codes, du devoir et du progres, nous jouons a l’adulte sans nous rejouir d’etre en life. C’est oublier le gout archaique que, enfant, nous avions pour le quotidien. L’enfant reste mu via la force du desir. Curieux, essentiellement vivant, Cela reste au sein d’ l’experience, dans la decouverte, celle de ses sensations, de ses capacites. Tout entier concerne par le principe de joie, il ne s’embarrasse aucune raisonnements : il n’a pas les mots pour cela. C’est la notion d’“infans” : ce moment ou le petit enfant percoit les evenements sans les embarrasser de concepts. Seul compte individu sensible. L’“infans” perdure et nous le portons en tous de nous. Mais en devenant adulte, parce que nous vivons au coeur d’une societe insecurisee et insecurisante, nous choisissons le controle et la maitrise. Notre plaisir devient interdit : si nous apprenons une bonne nouvelle, pourquoi pas, nous nous permettons rarement de sauter de joie ! Mais qu’aurait fait 1 tout-petit ? Percevons a nouveau un chacun avec des yeux d’enfant, sans chercher a bien expliquer, ainsi, si»rement pas soi ou son histoire. J’aime l’idee d’aller a une propre retrouve, d’ecouter l’inconnu en soi, tout ce que l’on ne connait pas (encore) de soi. Bien sur, nous pouvons tenter l’experience de l’analyse. Mais nous pouvons aussi, tout juste, entrer dans une librairie et opter pour 1 livre a l’instinct. Qui sait ? Cela nous surprendra peut-etre… »

Laisser les emotions nous traverser

« Nous avons, via habitudes culturelles et educatives, une lecture erronee de nos emotions. Nous croyons que la peur, la colere, la tristesse, ces emotions que nous qualifions frauduleusement de negatives, alterent notre joie d’etre en life. C’est oublier que toute emotion inclut une information qui, certes, nous rappelle notre vulnerabilite, mais, en meme temps libre, nous mobilise : si j’ai peur, comme, votre emotion me signale que je suis en danger et, ce faisant, m’a donne les fonds d’y faire face. Contrairement a ce que nous pensons souvent, l’emotion, meme douloureuse, ne fragilise gui?re notre amour concernant l’existence, elle nous pousse a vivre. Quand nous nous sentons abattus, comme, identifions cela a declenche l’abattement, reconnaissons la valeur de notre sensation, acceptons que ce soit une facon a nous de vivre l’evenement. Accueillir l’emotion, sans lutter contre ou la fuir, permet de se laisser traverser par une information biologique desfois deroutante et favorise le retour naturel de l’elan de life. Comme un champ de ble apres le passage d’un orage, ou l’epi trouve toujours sa position verticale. »

Prendre conscience d’la chance d’exister

« Si certains restent aveugles et sourds a toutes les petites benedictions quotidiennes, d’autres paraissent desfois “trop” conscients. Ils savent la fragilite en condition humaine et vivent dans l’anticipation. A quoi bon gouter l’existence, puisque tout a une fin ? Je suggere a ces gens anxieuses d’integrer votre realite : oui, la vie a 1 cote tragique. Et c’est quelquefois terrifiant d’exister. Mais choisissons d’en faire une motivation supplementaire pour apprecier le present. Plusieurs exercices de meditation de pleine conscience ont la possibilite de nous aider a pacifier nos etats d’ame et des inquietudes. Peu a minimum, en fixant une attention au sein d’ l’instant present, sur l’ici et maintenant de notre corps ainsi que nos sens, nous parviendrons a ouvrir notre esprit a cette evidence salvatrice : vivre est une chance. »

Cesser de se conformer a 1 modele

Jacques Lecomte, psychologue, professionnel d’une psychologie positive

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